Makénéné: un creuset du vivre-ensemble

Près de 40 mille âmes venues de presque les dix régions du Cameroun et d’ailleurs, cohabitent de manière harmonieuse à Makénéné, une commune du département du Mbam-et-Inoubou, région du Centre.

Selon des témoignages concordants, les Bamouns (région de l’Ouest) et les Gbaya (région de l’Adamaoua) sont les premiers occupants de Makénéné. C’était dans les années 1970. Aujourd’hui âgé de 74 ans, Norbert Djiabou, chef traditionnel de 3e degré de Makénéné Est et originaire de l’Ouest s’y installe en 1961. En effet, la population qu’il dirige depuis 1986 comprend plus de 30 ethnies issues des différentes régions du Cameroun. Entre autres, les Babitchoua, Baloua, Bafangs, Bangangtés, les Bassas, les Peuls, les Massas, bref toute la composante culturelle du Cameroun. Makénéné Est et Makénéné Centre constituent les principaux quartiers de cette localité appelée “États-Unis” au regard de son caractère cosmopolite. Concernant leur cohabitation, le chef Norbert Djiabou assure que « Nous vivons en paix.» « Le vivre-ensemble est là, nous sommes chez nous ici » poursuit-il avec un large sourire.

Scènes du vivre-ensemble

À Makénéné, même les tout-petits suivent l’exemple de leurs parents quant à la volonté de s’unir dans la diversité culturelle. Ces élèves en photo par exemple sont issus des parents venus de différentes régions, Ouest, Nord-Ouest, Extrême-Nord, Nord et Centre. Mais ils partagent leur quotidien ensemble comme les enfants d’une même famille.

 

Même s’ils reconnaissent leur appartenance à une région spécifique, le lien d’attachement qui les lie est désormais si fort. Issu d’un père Massa, du département de Mayo-Danay, région de l’Extrême-Nord, Abdourahim Youssoufa en bleu, élève en classe de 6e, considère ses camarades au même titre que ses propres frères. « Parfois je n’aime les quitter après les jeux » confie-t-il.

Vivre-ensemble au marché

Le vivre-ensemble, c’est également sur la place du marché Makénéné où de nombreux ressortissants du Nord-Ouest vendent de la viande. En particulier le « Soya » ou exercent d’autres activités commerciales. Déjà intégrés au sein de la population depuis cinq ans, Fundong et Che Derick Kang se sentent comme dans leur Bamenda natal dans ce département du Mbam-et-Inoubou.

Pour le premier « la vie se passe comme dans sa famille biologique, même avec les étrangers, les Nigérians. Le commerce marche aussi, je peux faire une recette de 25 mille par jour» ajoute-t-il.

Quant au second encore célibataire, il a appris à faire du « Soya » ou viande braisée à Makénéné grâce à la complicité d’un peul. Et il révèle réaliser des recettes journalières de plus de 200 mille Fcfa. Au sujet du vivre-ensemble, il souligne que « J’ai beaucoup d’amis ici et on s’entend bien. »

En plus de ces commerçants, il y a également d’autres habitants venus d’ailleurs qui excellent dans l’agriculture à Makénéné. Cependant, l’accès à la terre reste préoccupant pour la culture du cacao en particulier.  Tant les premiers occupants font de la résistance à céder une parcelle aux nouveaux. Toutefois, cela n’impacte pas la paix sociale et la chaleur humaine qu’ils partagent.

Dieudonné Zra

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