Paul Kagamé face à la presse

Le président rwandais a donné une conférence de presse cette mi-journée aux journalistes venus assurer la couverture du coup d’envoi de la commémoration des 25 ans du génocide rwandais.

Dimanche dans son discours lors de la cérémonie commémorative Paul Kagame a évoqué de manière très subtile les nouvelles menaces sur la paix. A la conférence de presse ce matin, il a estimé que ce sont des questions qui ne se règlent pas devant les médias. Les journalistes ont donc fait le tour des sujets de tension avec les pays voisins.

Si l’absence des chefs d’Etat est un signe de tension pour les journalistes, Paul Kagame apprécie leur représentation au niveau ministériel, relevant la présence du Premier Ministre tanzanien. Il croit pouvoir au niveau politique trouver des solutions aux problèmes avec le voisin ougandais. Comme les autres huit voisins de la RDC, il se conscient de la nécessité de chercher avec l’équipe d’Etienne Tshisekedi les meilleurs solutions à une meilleure cohabitation, la crise congolaise ayant toujours eu des répercussions dans les pays voisins.

Les tensions existent aussi avec l’Afrique du Sud mais là encore le leader rwandais préfère le silence de la voix diplomatique au vacarme médiatique.

La question du devenir du Rwanda post Kagame est aussi présente. Le président l’évite soigneusement indiquant la sagesse qu’il y a à dépersonnaliser la question du pouvoir chaque fois qu’elle est abordée. Pour lui, il faut responsabiliser les nouvelles générations par l’éducation, la santé et l’insertion des jeunes. Ceux qui forment 60% de la société rwandaise ont moins de 25 ans. Ils doivent être progressivement impliqués dans la gestion des affaires qui les concernent.

Cette question de la participation politique et sociale est plus accentuée chez les femmes. Le Rwanda applique la parité dans ses institutions parce qu’il est convaincu que la voie incontournable. Le président rwandais reconnait que la réconciliation a été possible parce les auteurs de crime sont passés aux aveux et les rescapés ont accepté de pardonner. Il sait aussi que chaque société fait regulièrement face à de nouveaux défis. Il refuse par conséquent que la société rwandaise soit endormie par ses lauriers.

Son discours sur la communauté internationale reste constant. Si les partenaires et les pays amis peuvent apporter une aide, il appartient à chaque peuple de trouver à l’interne les solutions à ces problèmes. Pour le président rwandais, les solutions appliquées avec succès au Rwanda n’auront automatiquement pas les mêmes résultats en RCA, en Côte d’ivoire, au Mali et dans d’autres pays en conflit ou sortant d’un conflit. Il observe que la communauté internationale n’adapte toujours pas ses dispositifs aux situations.

Paul Kagame affirme ainsi que les leçons de l’expérience rwandaise n’ont pas été mis en œuvre au sein des organisations internationales malgré les déclarations et les engagements. Il salue la création d’une commission française pour faire la lumière sur le rôle de ce pays dans le génocide. Il espère que c’est le point de départ d’autres actes.

Ces pays qui croient être de modèles en matière de justice et de gouvernance doivent être exemplaires dans la finalisation des actes d’accusation.

Elvis Mbimba à Kigali

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