Bengbis: l’intégration des pygmées Bakas par l’éducation

À Bengbis, dans le département du Dja et Lobo, région du Sud, les pygmées Baka, jadis renfermés dans la forêt, se sentent plus épanouis, au milieu d’autres communautés, grâce à l’action concertée de l’État et de ses partenaires, pour leur scolarisation.

La cloche vient de raisonner. Pour annoncer l’heure de la cérémonie de levée des couleurs, à l’école primaire catholique d’Adjoli, à 3 km du centre ville de Bengbis, dans le département du Dja et Lobo. Arborant pour certains, des vieux cartables, et d’autres tenant dans leurs mains, ardoises et cahiers, les élèves, sans uniformes scolaires, se mettent aussi tôt en rang. Au pied du mât du drapeau, une hutte, construite par les élèves Baka, montre bien qu’on est dans un établissement scolaire pas comme les autres.


Parmi les 231 élèves, inscrits ici, pour cette année scolaire 2018-2019, 150, sont pygmées. Certains sont venus des campements disséminés dans les forêts du Dja et Lobo, d’autres des villages de la région de l’Est, à quelques kilomètres de là. Pour un meilleur suivi, l’ONG espagnole Zerca Ylejos, qui gère l’école, a construit deux foyers, un pour filles et l’autre pour garçon. C’est là, qu’ils sont accueillis, et pris en charge.


Tantine Nana, une femme Baka de la quarantaine, venue de Bifolone, un village de la région de l’Est, à 60 kilomètres de Bengbis fait partie de ceux qui s’occupent des pensionnaires du foyer. Pour elle c’est un travail exaltant, depuis qu’elle a vu sa fille, partie de cette école primaire, obtenir l’an dernier, son Brevet d’Étude du Premier Cycle (BEPC). Elle ne cache pas sa joie, quant aux efforts de l’ONG Zerca Ylejos, et de l’église catholique, au côtés de l’État du Cameroun, pour la scolarisation de l’enfant Baka. Pour, Amalia Bueno Zamora, la présidente mondiale de Zerca Ylejos, il ne s’agit pas d’un simple assistancialisme. Mais d’une volonté profonde de rendre ces peuples autochtones autonomes, à travers l’éducation et la préservation de leurs traditions.


Du fait de la stigmatisation dont ils sont souvent victimes, au milieu des Bantous, l’un des premiers défis de ces élèves Bakas est de vaincre la frustration, et trouver des repères. Ce défi est aussi celui des enseignants, qui savent qu’ils doivent faire plus pour ces écoliers. La directrice, Véronique Nga Messi fait savoir, que les élèves Baka, bien que recevant les mêmes enseignements que tous les autres, sont particulièrement suivis.


Avant chaque rentrée, des exercices pouvant renforcer leurs capacités sont sélectionnés. Et tout au long de l’année scolaire, ils ont en plus des leçons en classe, des cours de répétition. Toute chose qui finit par les sortir de leur coquille. Marie Marcelle Ndono, maîtresse au CM2, se réjouit du dynamisme des élèves Baka, une fois la frustration vaincue. Deux de ses élèves Bakas, Jean Noël Kouambé, et Sidonie Mbambou, confirment cela. Très studieux, les deux candidats au certificat d’étude primaire (CEP), s’expriment désormais couramment en français, et s’en sortent plutôt bien en calcul rapide et autres. Preuve encore, que ces oubliés de la forêts n’ont besoin que d’un peu d’attention, pour faire éclore leur potentiel.

Charles Abossolo Oba

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