Justice: les avocats s’érigent en victimes

Les hommes en robe noire protestent après l’arrestation et le placement en détention vendredi 20 novembre de deux de leurs confrères, Me Richard Tamfu et Me Armel Tchuemegne.

 

Outrage à magistrat et destruction. Voilà les faits qui sont reprochés à Me Richard Tamfu et Me Armel Tchuemegne. En effet, les deux avocats avaient pris part à un mouvement d’humeur au tribunal de première instance de Douala-Bonadjo le 10 novembre 2020. La situation devenue trouble a connu l’intervention des forces de maintien de l’ordre afin de mettre fin aux échauffourées.

Résolutions du Conseil de l’ordre

Ce cas pour le moins préoccupant a amené le Conseil de l’ordre des avocats à siéger le samedi 21 Novembre. Des résolutions fortes ont ainsi été adoptées au terme de ce conseil extraordinaire.

Celles-ci prévoient que du 30 novembre au 4 décembre, les avocats ne porteront plus leur traditionnelle robe noire dans les tribunaux. De surcroît, ils cesseront jusqu’à nouvel ordre d’intervenir devant les juridictions criminelles, la Cour suprême et le Tribunal criminel spécial. La même mesure est valable pour les juridictions chargées du « contentieux électoral», y compris la Cour constitutionnelle.

Réactions des pairs

De nombreux défenseurs des droits de l’Homme ont salué les recommandations de l’ordre des avocats. Pour Me Bissou, président de la Commission des droits de l’homme au sein du barreau : « Vous savez qu’en matière criminelle et devant la Cour suprême, les avocats sont obligatoires. Donc ces juridictions ne peuvent pas statuer en l’absence d’avocats. Des mesures suffisamment fortes devront essayer de redorer le blason de l’avocature qui est de plus en plus sali. »

De leur côté, les avocats du Conseil qualifient de « guet-apens » l’arrestation de Me Tamfu et Me Tchuemegne «sans convocation préalable ni mandat ». Les hommes en robe noire, contestent aussi la légalité de leur placement en détention, contraire selon eux au code de procédure pénale. Ceci, dans la mesure où ils sont poursuivis pour des délits et sachant qu’ils offrent des garanties de représentation. Ils estiment donc qu’il s’agit d’une « persécution programmée » de la profession destinée à faire passer les avocats pour «des délinquants».

L’Association du barreau africain est également solidaire de la cause des avocats inculpés. Elle se dit « très préoccupée » par le fait que l’institution judiciaire soit régulièrement utilisée selon elle pour « réduire au silence les avocats camerounais ».

@Dieudonné Zra

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