CHAPITRE 1 : MANU DIBANGO le versant biographique

MANU DIBANGO

              Par quel bout entamer le récit sur l’homme derrière la légende ? Par des notes biographiques comme il est d’usage dans ce genre d’exercice ? Non et trois fois non, disons-le tout de suite. Point de style empesé ou d’excès de mots. Faisons plutôt le choix d’un récit de vie vibrant d’émotions. D’ailleurs, MANU DIBANGO nous y aide en nous invitant à franchir son jardin secret à Champigny sur Marne. En Région Parisienne. Première impression, il porte beau.

Extrait vidéo: Manu dans son salon

Fait significatif, la décoration d’intérieur et la disposition des choses chez MANU montrent qu’il est habité, de bout en bout, par la musique. Mais en rester à cette image et à cette impression est limitatif. MANU DIBANGO a d’autres amours. La nature par exemple. Elle est au coude à coude avec son métier.
Pour nous en convaincre, le géant du saxophone nous invite à la balade sans son instrument, au bord de la Marne une balade quotidienne, confie-t-il. Presqu’un rituel pour ce fils de l’eau.

Extrait audio: Manu sur les bords de la Marne

Le souvenir le plus marquant du créateur de « Douala sérénade » avec le fleuve Wouri voire l’océan Atlantique, c’est celui de son départ pour l’ailleurs, pour la France.
Le fils de N’DJOKE a 15 ans lorsqu’il embarque dans un paquebot en partance pour Marseille. Il emporte avec lui 03 kilos de café et 02 consignes de ses parents : faire le plein de diplômes et surtout ne pas revenir avec une femme blanche. Les figures du monde s’ouvrent à lui, au fil de l’eau et de ses rencontres.

Et l’appel du large lui refile des bouffées d’émotion.

Un ressourcement qui le rapproche de ses racines marines. Né le 12 décembre 1933 à Douala, d’un père Yabassi du Nkam et d’une mère Douala du Wouri, Emmanuel N’DJOKE DIBANGO est fortement attaché aux valeurs ancestrales, du reste communiquée par le biais d’une éducation parentale rigoureuse. Rigueur morale qui claque comme une seconde nature pour son fonctionnaire de père, et sa mère qui occupe une place importante dans la chorale de l’église du centenaire, une église protestante. Ces exigences morales et spirituelles auront forgé sa personnalité. Une fondation qu’il complètera, bien plus tard, en se soumettant au rituel du Ngondo, l’Assemblée Traditionnelle des Sawa. La vue de l’eau fait submerger en lui la joie jusqu’à débordement. En témoigne, ces séances photos effectuées en 1963 sur les bords du Wouri.

Extrait vidéo: MANU en photo avec COCO et son Orchestre Congolais)

La paisible bourgade de saint-calais dans le Sarthe. C’est le deuxième village de MANU DIBANGO. Un rattachement qui fait mentir bien de préjugés et renseigne sur les grands effets des amitiés tissées au fil de la simplicité.

MANU DIBANGO est accueilli à Saint-Calais dans la famille de Chevalier. Mai comment cela a-t-il été rendu possible?

Par une amitié épistolaire, une amitié entre son demi-frère ETITI et les chevaliers accueillis presque sans rejet, il va faire l’expérience de l’intégration dans une localité qui n’a quasiment pas vu de noirs.

Extrait vidéo: Manu et les trois kilos de café

Galerie Photo : Manu à Saint-Calais

Loin des podiums et grands plateaux, le MANU de Paris est un grand qui sait se montrer si petit D’abord au volant de sa voiture bleue (une) et puis dans son empressement à rejoindre, à un rythme quotidien, dans le 18è arrondissement, MUNA MBOA, un bistrot où l’attendent pour papoter : SALLE JOHN, Jacky TOTO, EYABE KWEDI.

Extrait vidéo : SALLE, TOTO, EYABE, Calixte, Henri NJOH

On n’aura rien dit de MANU DIBANGO si on ne précise pas que sa boule à zéro n’est pas innée. C’est un choix qui a 02 origines. Gêné de contraindre COCO, sa défunte épouse, à se saisir de la tondeuse pour lui diminuer les cheveux, il a opté pour une coiffure au ras de cuir chevelu. Ce qui lui rappelait l’allure martiale des soldats issus du Nord, du temps de la période coloniale. Ça c’est pour les cheveux. Le trait caractéristique de MANU, reste son rire sonore. A nul autre pareil.

Extrait audio: Manu Dibango rire (Claudy Siar)

Extrait audio: Manu Dibango rire (Slim PEZZIN)

Le rire de MANU, un astre qui luit dans la nuit des difficultés. Et en même temps, la pierre d’angle de la construction de son esthétique.

Claudy Siar
Producteur de Couleurs tropicales sur RFI

           

MANU DIBANGO, les souffles du sphinx 

Narration : Serge POUTH Photos/Videos : Abraham MAYAGI, Alain MOUAFO WEMBA, Patrice DJOABE
 Edition : Christian NKOLO

Développement : Abdoulaye Mougnol , Landry LEUNKEU, KINYOG  MAKON

Coordination : Alain BELIBI, TEWI LAMBIV, Elvire KABA, Mireille BISSECK
Supervision  générale : Charles NDONGO                                                                                                                                


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