CAN 2019 : Les raisons et les leçons de l’élimination du Cameroun
Les Lions Indomptables et la délégation camerounaise ont quitté l’Egypte ce lundi 8 Juillet 2019 après avoir été éliminés samedi dernier par le Nigéria en huitièmes de finale de la CAN 2019. Analyse du parcours des Lions Indomptables.
Un match à rebondissements au stade d’Alexandrie. Tout se passe comme un film hollywoodien. Le Nigéria ouvre le score à la 19ème minute par Ighalo. C’est le premier but encaissé par André Onana dans ce tournoi. La veille en conférence de presse, il se disait « déterminé et prêt pour ce match ». Son attitude à la limite désinvolte lors cette rencontre avec les médias avait quelque peu surpris les nombreux journalistes présents.
Le but est pris juste devant une poignée de supporters excentrés du côté Nord-ouest du stade au grand désarroi du fan numéro un des Lions Indomptables, Ngando Picket : « Je ne comprends pas pourquoi les nigérians étaient au centre des tribunes, et nous si loin. On voyait à peine le match ». C’est vrai que le stade d’Alexandrie (20 000 places) a une configuration étrange. Plusieurs tribunes sont éloignées de l’aire de jeu qui elle-même est plus petite que le stade d’Ismaïlia qui a accueilli les Lions pendant la phase de groupe. Les Nigérians eux en étaient à leur quatrième match dans ce stade. Cela n’a pas empêché Bahoken de reprendre un beau centre de Christian Bassossog à la 41ème minute pour égaliser, et d’offrir la passe du deuxième but à Clinton Njie à la 44ème minute. A ce moment-là, le champion d’Afrique tient la rencontre.
Personne n’envisagera qu’en deuxième mi-temps, Ighalo à la 63ème minute, et Iwobi à la 66ème minute allaient sceller le sort des camerounais. Comme en première mi-temps, le match bascule en trois minutes. Comme en 2004, le Nigéria élimine le champion d’Afrique, Cameroun. Comme en 2004, cela se déroule dans un pays d’Afrique du Nord. Comme en 2004, le but fatal des nigérians interviendra vers la fin du match. Comme en 2004, le Cameroun avait 5 points avant d’affronter le Nigéria. Comme en 2004, le Cameroun aura beaucoup de regrets à l’issue de cette rencontre.
Les regrets :
Le Cameroun a abordé cette compétition avec l’éternelle polémique autour des primes. Cela a quelque peu entravé la sérénité du groupe, malgré les efforts du staff pour présenter la meilleure équipe possible. Et pourtant, sur les 3 premières rencontres, le Cameroun a présenté une équipe solide défensivement. Face au Nigéria, la défense a volé en éclats. L’axe central et le milieu défensif ont affiché quelques lacunes. Les nigérians ont cadré quatre tirs et trois sont allés au fond des filets du portier Onana. Le troisième but encaissé ressemblera étrangement à celui pris face à Tottenham en demi-finales de la Ligue des Champions. Clairement, il a manqué quelque chose, une âme à notre équipe nationale. Eric-Maxim Choupo Moting, parmi les plus talentueux et techniques de la cuvée, n’a pas eu le bonheur d’être un capitaine gradé. Sans nul doute, il a manqué à cette équipe l’étoffe des charismatiques Moukandjo, Aboubacar et Nkoulou qui étaient là en 2017 lors de l’expédition heureuse du Gabon. Il a aussi manqué un peu d’humilité à certains joueurs et dirigeants. Il y’a eu une lecture biaisée des enjeux de la CAN. Un champion d’Afrique est très attendu. Le Cameroun de 2002 et l’Egypte de 2008 et 2010 l’avaient très bien compris. La cuvée 2019 ne l’a pas intégré.
Les espoirs :
La défaite fait partie des lois du sport. Le Cameroun n’a pas démérité mais le Nigéria s’est logiquement qualifié. Le football camerounais ne s’arrête pas là. Très vite, le CHAN (Championnat d’Afrique des Nations) 2020 pointe à l’horizon. Mais avant, si le Cameroun se qualifie pour la CAN U23, on verra une équipe capable de représenter le Cameroun aux prochains jeux olympiques. La CAN 2021 se prépare donc dès aujourd’hui, tout comme le mondial 2022 au Qatar. Les joueurs de la CAN 2019 ne sont pour la plupart pas des titulaires dans leurs clubs. Il est sans doute temps de revenir à un mode de recrutement des joueurs qui tienne compte aussi de la présence et de la régularité des joueurs locaux. A Alexandrie il y’ a eu des pleurs, demain, on célèbrera de nouvelles victoires.
DANIA EBONGUE
Envoyé spécial à Alexandrie.