Rific : 35 minutes pour raconter Idrissa Ouedraogo

Dans un autoportrait intitulé « Le père de Tilaï » et réalisé par Michel Kuaté, le célèbre cinéaste Burkinabè retrace sa riche carrière.

Un destin unique, un regard engagé. Une filmographie exceptionnelle faite de chefs d’œuvres dont « Tilaï » qui a donné à son pays le premier Etalon d’or de l’histoire 22 ans après la création du Festival Panafricain du Cinéma et de l’Audiovisuelle de Ouagadougou (Fespaco) . Voilà ce que l’on retrouve dans ce court métrage de 35 minutes réalisé par le camerounais Michel Kuaté.

Le projet

Dans une interview accordée lors du Fespaco 2019, Michel Kuaté nous raconte son admiration pour Idrissa Ouédraogo. Il avait d’ailleurs approché le réalisateur en 2013 pour lui faire part de son intention de réaliser un documentaire sur lui. Le Burkinabé n’est pas contre. C’est ainsi que dès 2017, Idrissa Ouédraogo se confie à la caméra du réalisateur camerounais, racontant son enfance, ses études, son cinéma, ses obstacles et sa vision du monde. Malheureusement le décès d’Idrissa Ouédraogo le 18 février 2018, soit quelques mois avant la fin du tournage, change la trajectoire du documentaire, en posant lui-même la voix.

 

 

Le film

Des extraits en noir et blanc et en couleur, des interviews exclusives avec le défunt, des moments d’échanges avec d’autres cinéastes, des témoignages poignants de la famille du cinéma et en dehors, mais aussi des séances de tournage de quelques-uns de ces films font l’essentiel de ce documentaire.

Le réalisateur va d’ailleurs favoriser les gros plans et les plans serrés, ceci pour mieux décrire le ressenti des parties prenantes de ce film.
Étiqueté pour sa tendance presqu’obsessionnelle à mettre en scène la vie en milieu rural, Idrissa Ouédraogo apparaît dans le documentaire de Michel Kuaté comme un homme connecté à ses convictions et aux grandes misères du monde. Ce qui ne fait pas de lui un pessimiste compulsif. Il avait de l’humour et de la répartie des grands esprits.
Dans un extrait, il raconte sa vision des attentats du 11 septembre 2011 lien . S’il ne banalise pas l’ampleur de ces événements, Idrissa Ouédraogo choisit d’offrir une perspective plus africaine à l’affaire. Comme toujours, il met en avant la précarité, la maladie et les espoirs perdus à travers des personnages attachants.

Une vie dédiée au cinéma

Grande figure du cinéma africain des années 1980-2000, auteur d’une quarantaine de films, Idrissa Ouédraogo a été récompensé dans les plus grands festivals, et aura contribué au rayonnement de la culture burkinabé dans le monde. Ouedraogo remporte le Grand Prix du jury à Cannes en 1990 avec Tilaï, un long métrage tourné dans la région où il a grandi, en pays Mossi. Un film qui lui vaut l’Etalon de Yennenga l’année suivante, à Ouagadougou.

Le réalisateur du film

C’est en 1999 que Michel Kuaté fait son entrée dans le monde du cinéma. Ceci à la faveur du festival Ecrans Noirs lien . Il a ensuite intégré le centre de formation dudit festival où il a passé 3 ans. Le diplôme en poche, il va faire le tour de plusieurs chaines de télévision installées dans le ville de Douala. Il a déjà à son actif une dizaine de courts métrages documentaire et fiction dont « Né à Sayada», « Noir Total » qui a obtenu la mention spéciale du jury Ecrans Noirs 2009 et Maiga », sélection officielle écrans Noirs 2011. Membre de la maison de production Cordia Prod, il est promoteur du festival International du Court métrage de Douala.

Jeanne Ngo Nlend

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