Quelques grandes figures de l’histoire du Cameroun
Comme la plupart des pays africains, le Cameroun a acquis son indépendance de hautes luttes. Voici quelques visages de cette longue marche.
Martin Paul Samba
Né au village d’Akok, région du Sud vers 1870, Samba fait ses études d’officier en Allemagne. Revenu au Cameroun, en 1895 avec le grade de capitaine dans l’administration allemande. Il va par la suite se révolter contre les pratiques de cette administration au Cameroun. Cet officier militaire Bulu démissionne de son affectation en 1902, et rejoint une entreprise privée à Ebolowa. Il commence à se dresser contre les Allemands. Il contacte secrètement les forces britanniques et françaises pour obtenir des armes. Mais une de ces lettres a été interceptée. Les forces allemandes l’arrêtent, l’accusent de haute trahison et l’exécutent le 8 août 1914. Aujourd’hui, de nombreux historiens camerounais le considèrent comme l’un des premiers héros et nationalistes du Cameroun. Sa mémoire est commémorée par une statue à Ebolowa.
Rudolf Douala Manga Bell
Né le 24 avril 1873 à Douala, il est le fils aîné du roi Auguste Manga Ndoumbé Bell et petit-fils du roi Ndoumbé Lobe Bell (King Bell), qui avait signé un “traité de protection” avec l’Allemagne en 1884. Il a fréquenté l’école gouvernementale allemande avant d’être accepté en 1891 pendant cinq ans dans la famille Österle, à Aalen, comme enfant d’accueil. Ce qui lui a permis d’apprendre l’allemand. En 1897, il revient au Cameroun. En 1905, il écrivit avec le roi Akwa Bonambela et 26 autres chefs de peuple camerounais, une lettre ouverte au Reichstag allemand. En effet, il se plaint de poursuites judiciaires intentées par le gouverneur Jesko von Puttkamer, d’expropriation, de démolition de maisons non autorisées, de travaux forcés sans salaire, d’arrestations arbitraires et de peines excessives, ainsi que de traitements humiliants infligés aux dirigeants camerounais. Devenu roi, Rudolf Manga Bell défendit son peuple en adressant des pétitions au gouvernement allemand et au Reichstag. Il est condamné à la peine de mort par pendaison pour haute trahison avec son secrétaire Ngosso Din, le 8 août 1914 à Douala. Au Cameroun, il fait partie des martyrs et héros nationaux.
Ruben Um Nyobe
Il est sans doute l’un des plus grands leaders de la cause indépendantiste au Cameroun. Né en 1913 à Song Mpeck dans l’arrondissement d’Eséka, de Nyobé Nsounga et de Ngo Um Nonos, des paysans Bassa, à 180 km de Douala. ll a fait ses études primaires dans les écoles locales des missionnaires presbytériens. Il est mort assassiné, alors qu’il menait une rébellion armée, par l’armée française le 13 septembre 1958 à Libelingoï, près de Boumnyébel (actuel département du Nyong-et-Kellé, région du Centre. Um Nyobè est présenté comme la figure de proue de la lutte pour l’indépendance du Cameroun. Ses compagnons furent Félix-Roland Moumié et Ernest Ouandié.
John Ngu Foncha
Né le 21 juin 1916 à Bamenda, mort le 10 avril 1999, il fut le Premier Ministre du Cameroun britannique du 1er février 1959 au 1er octobre 1961. Puis, Premier ministre de la partie occidentale du Cameroun de l’indépendance du 1er octobre 1961 au 13 mai 1965. Il deviendra par la suite un opposant, proche des indépendantistes du Conseil national du Sud du Cameroun. En 1994, il dirige une délégation du Conseil national du Cameroun du Sud (CSNC) auprès des Nations unies pour lui demander de soutenir l’action du mouvement en faveur d’une plus grande autonomie dans les deux provinces anglophones du Cameroun.
André-Marie Mbida
Né le 1er janvier 1917 à Endinding dans la Lékié, région du Centre, il décède le 2 mai 1980 à Paris en France. Il était un homme d’État camerounais, nationaliste pragmatique, premier Camerounais natif à être élu député à l’Assemblée nationale française, Premier ministre du Cameroun, deuxième Premier ministre africain natif dans le continent noir. André Marie Mbida, était également premier chef d’État du Cameroun autonome d’expression française du 12 mai 1957 au 16 février 1958 et premier prisonnier politique du Cameroun indépendant, du 29 juin 1962 au 29 juin 1965.
Ernest Ouandié
Il est né en 1924 à Badoumla, arrondissement de Bana, région de l’Ouest. Il décède fusillé le 15 janvier 1971 à Bafoussam sous le régime d’Ahmadou Ahidjo. Ernest Ouandié est l’une des figures de la lutte pour l’indépendance du Cameroun au sein de l’Union des populations du Cameroun (UPC). Mais également un des acteurs majeurs de la guerre civile à partir de l’indépendance en 1960 lorsque le parti déclenche une insurrection pour renverser le nouveau régime. Il est déclaré héros national par l’Assemblée nationale du Cameroun en 1991.
Osende Afana
Militant nationaliste camerounais, il est né en 1930 à Ngoksa, région du Centre et assassiné le 15 mai 1966 dans le maquis de la Boumba Ngoko au Sud-Est du pays, près de la frontière congolaise. Docteur en Economie, Osende Afana est partisan de la lutte armée pour la libération de l’Afrique envisagée sous la bannière de l’unité. Il a failli perdre la vie à 36 ans dans le maquis camerounais, trahi par les siens alors qu’il tentait d’ouvrir le front « Est » de la lutte contre le régime. Brillant économiste, et au regard de ses luttes, il est aussi considéré comme un héros national.
Ahmadou Ahidjo
Né le 24 août 1924 à Garoua, il était le premier Président de la République du Cameroun entre le 5 mai 1960 et 6 novembre 1982. Il est connu pour avoir travaillé à un développement économique du pays. En 1952, il devient Conseiller de l’Assemblée de l’Union française, et Vice-Président de celle-ci en 1956. Vice-Premier Ministre chargé de l’Intérieur après l’octroi de l’autonomie interne au Cameroun (février 1957), puis Ministre de l’Intérieur (17 mai 1957). Le 18 février 1958, il est investi comme nouveau Premier Ministre du Cameroun, en remplacement d’André Marie Mbida. Artisan de la Réunification du Cameroun en 1961, il institue le parti unique en 1966. Le 4 novembre 1982, Ahmadou Ahidjo démissionne de ses fonctions de Président de la République Unie du Cameroun.
Paul Biya
Né le 13 février 1933 à Mvomeka’a, région du Sud, il devient Président du Cameroun le 6 novembre 1982, après l’annonce radiodiffusée par le président Ahidjo de démission le 4 novembre. Depuis les années 1960, il a vite gravi les échelons sous le président Ahidjo. Secrétaire Général de la Présidence de 1968 à 1975, ensuite Premier ministre du Cameroun de 1975 à 1982. Il introduit des réformes politiques dans les années 80 et remporte l’élection présidentielle de 1992 avec 40 % des suffrages et est réélu par une large majorité en 1997, 2004, 2011 et 2018. Il a notamment impulsé depuis 1990, le vent de la démocratie, la liberté d’expression, le multipartisme au Cameroun. Et, récemment, la mise en place de la décentralisation à la faveur de la loi du 24 décembre 2019, portant Code général des collectivités territoriales décentralisées.