Enseignants et fiers de l’être
Ainsi pourrait se résumer la profession de foi de ces seigneurs de la craie qui se recrutent aussi bien dans le public que dans le privé.
Ceci, au moment où le monde entier s’apprête à rendre un vibrant hommage, le 05 octobre prochain à ces éducateurs à l’occasion de la journée mondiale des enseignants. Deux d’entre eux ont accepté de partager avec nous, pour la circonstance, le regard qu’ils portent sur ce métier qu’ils disent avoir choisi par vocation.
De la vocation
A en croire ces deux formateurs, l’enseignement reste donc pour eux une question de vocation. Ainsi, M. Arnold Ngobela, professeur de francais confie d’entrée de jeu: “J’avais décidé très tôt que j’allais gagner ma vie en parlant. Je me destinais alors, soit au métier d’enseignant, soit au métier de journaliste. C’est ainsi qu’après le bac, j’ai opté pour l’école normale. Même appel de cœur ressenti par M. Acha Ngwa Marius. L’enseignant et censeur dans un institut privé de la place avoue: “Quand j’étais élève, j’admirais beaucoup mes enseignants, surtout mes professeurs d’histoire et quand j’ai eu mon GCE advanced Level, j’ai décidé de présenter le concours de l’école normale de Bambili”.
Grandeurs
Après avoir pu réaliser leur rêve, les deux enseignants qui ont maintenant plus de dix ans de métier chacun, ont aujourd’hui une certaine maîtrise des contours de cette profession qu’ils jugent avant tout gratifiante. Pour M.Acha Ngwa Marius, le métier d’enseignant offre plusieurs avantages. Premièrement, l’enseignant lui-même apprend tous les jours, ce qui lui permet d’être ouvert au monde et de par ses élèves, d’avoir beaucoup de relations.
M. Arnold Ngobela, lui, affirme que l’enseignement a un peu de tout. “Parfois tu te sens vraiment accompli quand tu te rends compte que les élèves sont réceptifs aux enseignements. Parfois aussi vous êtes plutôt frustrés à cause de certains enfants difficiles dont le suivi nécessite plus d’attention. La satisfaction est alors plus grande quand vous parvenez à les remettre sur le droit chemin.
Misères
Mais tout n’est pas que rose dans ce domaine de l’enseignement, reconnaissent-ils. D’abord le problème de rémunération qui se pose avec acuité au privé, à en croire M. Acha Ngwa Marius, “Je puis vous dire que nos salaires sont absolument dérisoires et ne sauraient satisfaire les besoins du chef de famille que je suis”. D’où sa doléance : « J’en appelle à cet effet à l’État afin qu’il vienne en aide au secteur privé s’agissant des salaires .Question d’encourager les enseignants, tant il est vrai qu’une école privée participe également à l’éducation des citoyens ».
Situation plus différente dans le public ou M. Arnold Ngobela reconnaît que “le salaire de base d’un enseignant du public n’est pas mal même si je pense que quelque chose devrait être fait pour l’améliorer”.
A côté du salaire la perte de l’estime de l’enseignant constitue aussi une préoccupation majeure. A en croire M. Acha Ngwa Marius, la vie des enseignants est aujourd’hui en danger y compris dans les salles de classe. Un manque de respect qu’il explique par le fait que “dans un contexte où l’on assiste de plus en plus à la dictature de l’argent, la faible rémunération de l’enseignant peut en être la cause”.
Pour M. Arnold Ngobela, le problème est sociétal et dû notamment à la perte de certaines valeurs dont celles liées à l’éducation. Il constate ainsi que le mérite semble avoir cédé la place à la médiocrité et déplore ainsi par exemple le fait que ” un criminel fortuné peut facilement être célébré alors qu’un honnête citoyen menant une vie normal est plutôt laissé pour compte”.
Malgré tout, ces quelques difficultés observées ne sauraient entacher leur amour pour le métier. Eux qui assurent que si c’était à refaire, ils choisiraient toujours l’enseignement qui, au-delà de tout, leur permet de disposer d’assez de temps pour pouvoir vaquer à d’autres occupations.
Aline Nguini