Just Woân invoque Tata, son nouvel album

Justin Itoko, Aka Just Wôan est un artiste d’origine camerounaise basé au Canada. Le journal « Le Devoir », publié au Québec depuis 1910, affirme dans son édition du 5 Aout 2016 que : « Toutes catégories confondues, Just est l’un des plus grands chanteurs du Québec ». Une distinction que l’artiste s’efforce de mériter au fil des albums. Le 6ème de la série, « Tata » qui parait ce 28 janvier 2023, s’annonce comme l’album de la consécration.

Au commencement, était Just 1.

Just Woân. Celui qui en 2005 n’était encore qu’un artiste RNB des studio Karel à Yaoundé, s’était fait découvrir dans l’émission de découvertes « A VENIR », sur la télévision publique camerounaise. Il apprendra plus tard que l’assistante du présentateur, Olivia Tjallé, est celle qui avait proposé son CD parmi la centaine à trier pour le plateau. Sur l’étiquette, « Just 1 » était l’unique inscription. Seul l’artiste comprenait qu’il fallait lire « Justin ». Mais c’était trop tard. Le public camerounais avait entendu « Just One » et la résonnance est restée. Le jeune artiste décide de sortir son premier album en 2011 sous le nom de « Just Woân ».

Just Woan

Mango Tree, la scène de la confirmation

Justin rencontre Corry Dengemo, chanteuse du groupe Macase et fondatrice du concept de découvertes « Mango Tree »

Elle évoque aussi  sa rencontre avec Just Woân avec une touche de nostalgie.

Au canada, comme un poisson dans l’eau  

Un plus tard, en 2012, Just Woân quitte le Cameroun pour le Canada.  Et cinq ans après, l’artiste fait la une des médias. « Just Wôan a mixé son troisième album dans le studio installé chez lui. Il a créé le disque après les attentats de Bruxelles, car le Montréalais d’origine camerounaise était dans la capitale belge ce jour-là » décrit Radio Canada qui, comme plusieurs médias nord-américains, suit de près la carrière de Just Woân, désormais systématiquement programmé aux Francofolies de Montréal, au Festival Nuits d’Afrique, ou encore au Festival d’Eté de Québec. Entre temps, Justin a déjà consacré son temps à créer sa maison de production et initier divers projets collectifs tel que Bantü-Salsa. L’auteur-compositeur-interprète montréalais Just Woân fonde même son label Productions Miss Meuré qui signe toute sa discographie surplace.

Tata, l’appel au Père

La langue Bafia n’a jamais été aussi belle. Ce dialecte du Cameroun a une autre puissance lorsqu’il est clamé par cet artiste exilé, mais qui respecte encore ces variations diachroniques qui emmènent les locuteurs de Kiiki, Dang et Gouifé à replier chez la grand-mère pour comprendre les mots magiques de cet artiste qui est hors du pays depuis 12 ans, mais qui n’a rien perdu des saveurs du Mbam et Inoubou, ce département pour lequel il voue un amour infini. Il n’est donc pas étonnant que le nouvel album s’intitule « Tata ».

Tata kô chah meu ya (Père ne m’abandonne pas)

Tata beunha meu ya (Père protège moi)

Mefeuren me tié feu be Zi neu ya (Les tribulations m’assaillent sur terre)

Tata Bell kô chah meu ya (Père ne me laisse pas)

Sur ces paroles, on peut y voir une prière religieuse, une incantation ancestrale, une ode à nos pères, mais surtout, le cri d’un humain qui en 13 titres, évoque la nostalgie du pays Nsemen ou encore Fiem, sans oublier U Roteh (Comme tu es belle ma terre natale). Dans l’album Tata, la femme est toujours une reine, comme dans le premier album. Mama Coucou, et Rapha parlent aux femmes et filles fortes. Mais le véritable moment à vivre c’est lorsque les arpèges de basse électrique se mêlent aux mélodies percussives et profondes d’Afrique centrale et enveloppent le mélomane dans un univers à mi-chemin entre la médiatation matinale et la bande originale d’un film. Bingo ! Just Woân confesse qu’il veut se rapprocher de la musique de films. Essai réussi !  Le jeune artiste est simplement magique sur Be Tié, de loin la plus chanson de l’album (mais étrangement la plus courte), qui est aussi un hymne à l’humanité. « J’ai collaboré dans le titre Be Tié avec un orchestre philarmonique de New York » nous dit-il.

Olivia, pour l’éternité !   

L’oreille est domptée. Elle est aussi sublimée enfin par cet hommage rendu à Olivia, la fameuse assistante TV qui le découvrit en 2005. Olivia Tjallé a quitté ce monde et Just Woan lui consacre une chanson, sur la piste 8, comme le 8ème mois de l’année (Aout) et le dernier chiffre de 2018, année de son décès.  Just Woan n’oublie ni ses origines, ni ses amis d’hier, ni sa trajectoire si longue, faite de petites mains comme Corry, Olivia et bien d’autres. La prière à Tata est donc une logique implacable, pour rester fort dans cet univers qu’est la scène musicale. L’album parait le 28 janvier, et l’artiste fera une tournée internationale (Asie, Europe, Amérique du Sud et Etats-Unis) avec son projet Bantu Salsa, et une tournée nationale dès la semaine prochaine lancera le projet « Tata ».

DANIA EBONGUE.

 

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