Edmond Kuate: « Le Cameroun ne peut échapper aux fluctuations des prix»
Cet économiste et chef d’entreprise s’est confié à Crtvweb au lendemain de la hausse des prix des carburants à la pompe au Cameroun.
À titre de rappel, les prix désormais pratiqués dans les stations-service passent de 630 FCFA à 730 FCFA pour le super et de 575 FCFA à 720 FCFA pour le litre de gasoil.
Crtvweb: Cette hausse des prix des carburants était-elle évitable?
Edmond Kuate: La hausse des prix des carburants survenue hier était inévitable eu égard au contexte actuel marqué par les multiples chocs exogènes, qui occasionnent une flambée des cours des produits pétroliers sur le marché international. Nous pouvons citer entre autres la crise russo-ukrainienne qui dure déjà un an et qui a eu pour principal corollaire, la crise énergétique mondiale. Le Cameroun bien que producteur de pétrole, reste dépendant de l’importation des produits finis pour les besoins de consommation domestique. Il n’est donc pas à l’abri des ondes de ces multiples chocs et par conséquent ne peut échapper aux fluctuations des prix du marché international.
Crtvweb: Quel pourra être l’impact de cette hausse des prix dans la vie économique nationale ?
Edmond Kuate: L’impact de cette hausse va inéluctablement se ressentir dans chacun des segments de la vie économique nationale. Le carburant étant l’une, sinon la principale source d’énergie, aucun secteur n’y échappe, de la production à la distribution en passant par la transformation. Le carburant se trouve au centre des facteurs de production dont les coûts seront impactés, créant ainsi un effet de chaîne, ou effet d’entrain qui va se répercuter sur les prix de mise sur le marché de pas mal de produits et autres biens de consommation.
Les industries à forte dépendance des hydrocarbures pour leur production, vont procéder à des ajustements tarifaires pour rattraper les surcouts énergétiques liés à cette augmentation. Le secteur des transports ne sera pas en reste et pas mal d’autres secteurs également.
Crtvweb: Les mesures d’accompagnement pourront-elles aider à amortir le choc?
Edmond Kuate: Les mesures qui ont été prises par le gouvernement pour amortir les effets de chocs de cette hausse, notamment l’augmentation à 5.2% du salaire de l’ensemble du personnel de l’état et une proposition de relèvement du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) de 36 000 actuellement à 41 000 sont à saluer.
Cependant, elles restent insuffisantes pour aider les citoyens à juguler les effets néfastes de cette augmentation qui, il faut le souligner, vient s’ajouter à une poussée inflationniste déjà intenable pour la plupart de nos compatriotes. Il urge donc d’appuyer sur d’autres leviers plus efficaces pour infléchir cette tendance inflationniste, et relever le pouvoir d’achat des citoyens pour un accès plus aisé et serein aux biens et services nécessaires à leur survie.
Notons à la suite de cet expert, que le gouvernement, à travers le communiqué signé à l’occasion du Secrétaire général des services du premier ministre, a précisé poursuivre le dialogue avec les organisations patronales et syndicales, ainsi que les associations des consommateurs afin de juguler les tensions inflationnistes produites par les chocs exogènes.
Propos recueillis par Aline-Florence Nguini