Discours de haine: l’Afrique centrale peaufine sa stratégie
La préoccupation est au centre d’un forum de trois jours ouvert ce 5 juillet à Yaoundé par le représentant personnel du ministre des Relations extérieures du Cameroun, le Secrétaire général du ministère des Relations extérieures, Chinmoun Oumarou.
Il est question de procéder à la validation et à l’adoption du projet de la stratégie régionale et du plan d’action pour la prévention et la lutte contre les discours de haine dans les supports de communication écrite, audiovisuelle et numérique par les Etats membres.
Manifestation de la haine dans les médias
Dans son intervention, le représentant du président de la commission de la CEEAC, Mangaral Banté, Commissaire aux Affaires Politiques, Paix et Sécurité de la Commission, a relevé que plusieurs Etats membres font face à ce discours haineux qui menace le vivre-ensemble, surtout lorsque des groupes ethniques ou culturels sont visés.
Au-delà, le Secrétaire général du ministère des Relations extérieures a déploré le fait que les mêmes dérives sont constatées sur les plateaux de débat, qui se transforment très souvent en réquisitoires à défaut d’être des terrains de combat. Chinmoun Oumarou cite également d’autres écarts observés sur les mêmes supports, tels que la diffamation, les injures, les atteintes à la dignité, l’appel à l’insurrection et même la diffusion d’images portant atteinte aux bonnes mœurs. Il ajoute que tout ceci est amplifié lorsque c’est diffusé sur les réseaux sociaux.
Importance d’un mécanisme de régulation
D’où l’importance selon lui, de la mise sur pied d’un document de haute qualité afin de combattre ce phénomène. Il précise à cet effet qu’il existe des instruments juridiques internationaux, de même qu’un ensemble de textes de droit réglementant les discours de haine dans notre pays. Il est donc tout à fait normal, poursuit-il, que la sous région se dote de son propre mécanisme de lutte contre les discours de haine.
Ce faisant, le Secrétaire général du Minrex souligne qu’il ne s’agit pas d’exercer une quelconque entorse à la liberté d’opinion, à la liberté d’expression ou tout simplement à la liberté de la presse qui sont des piliers dans une société libre et démocratique. Il est tout simplement question pour lui, d’empêcher que ces discours prennent des proportions dangereuses, ce que le droit international réprime.
Résultats attendus
Dès lors, plusieurs résultats sont attendus de ce forum. Parmi lesquels :
-Expliquer la stratégie régionale et son plan d’action aux participants afin de faciliter leur appropriation par les Etats membres ;
-Plaider pour une mise en mouvement, sans délais, des mécanismes devant déboucher sur l’adoption effective de ce projet;
-Mobiliser les soutiens, à tous les niveaux, pour que la stratégie et ses documents annexes servent de base de travail, pour la coordination des actions de prévention et de lutte contre les discours/messages de haine dans les pays de la CEEAC.
Un dispositif nécessaire, selon le représentant onusien à cette cérémonie, Paul Coustère, qui a souligné que c’est à ce prix que la paix, l’harmonie et le respect mutuel pourront être assurés.
Aline-Florence Nguini