Djaili Amal : Le beau roman , la belle histoire

Introduction

Djaili Hamal est couronnée d’étoiles. Le Goncourt des lycéens , édition 2020 la hisse au sommet de la littérature francophone .Bien évidemment , cela est salué comme une prouesse dans la galaxie des écrivains du continent africain. Une distinction qu’elle doit au roman «  Les impatientes » – anciennement intitulé «  Munyal , les larmes de la patience » . En l’espace de quelques mois , cette œuvre est passée d’un éditeur à un autre. Les éditions Proximité de François Nkeme ont été remplacées par les éditions Emmanuel Collas . Ce troisième roman de rang de l’autrice camerounaise n’a pas la même gueule que la 1ère version .Et puis , quelques ajustements sont effectués au plan de la forme. Mais , comme dit une sagesse populaire , qu’importe le vin , pourvu qu’on ait l’ivresse .

La reconnaissance de Djaili ne laisse aucune place au doute sur la fulgurance des écrivaines camerounaises voire africaines. Il y a lieu de dire que le plafond de verre est brisé . Calixte Beyalla , Leonora Miano , Hemley Boum ont porté haut le flambeau que Djailii Hamal soulève un cran au-dessus , avec grâce et fierté . Hemley Boum a d’ailleurs reçu le Prix Amadou Kourouma 2020.

Si le rapport de la native de Maroua aux récompenses remonte à 2010 pour sa première publication «  Walaande , l’art de partager un mari » , c’est à partir de 2019 que les écluses des cieux se sont ouvertes pour elle , l’arrosant des plus grandes couronnes . Autrement dit , 2019 et surtout 2020  ,sonneront dans son histoire littéraire personnelle , comme le temps du tapis rouge , des lumières et des trophées.

En guise d’allumage des feux , le prix de la presse francophone reçu au salon du livre de Paris au mois de mars . Djaili , qui venait à cette manifestation pour tout autre chose , sera surprise d’avoir été choisie par les professionnels de la presse. Ces journalistes ont sûrement vu dans cette œuvre une satire à nulle autre pareille ; une aptitude bien particulière de mettre les mots sur les maux dont souffrent les femmes du sahel , plus particulièrement.Le prix panafricain de la presse est à considérer comme un prélude à de lendemains enchanteurs . Djaili ne tardera pas à le voir. A le vivre . En Mai de la même année , elle décroche le Prix Orange.

Extrait video : Veronique Sadjo / DJAILI ET BADIADJI

C’est que , dans ce récit âpre, l’artiste de l’écrit dévoile avec rage et courage , les points d’ombre de la vie des femmes dans le sahel. De sa fenêtre de tir , on voit , au travers de 03 histoires bien troussées comment des humains , au nom de règles brumeuses , s’ingénient à humilier d’autres. En finir avec la chape de plomb de l’ensauvagement , tel semble être l’ idée principale cette narration.

Extrait video : Saibou Issa, Pabe Mongo, Dolissane Ebosse, François Nkeme.

Le fond est apprécié d’évidence. La forme surtout. Quelques fins connaisseurs de la chose littéraire , remarquent que l’autrice de «  les impatientes » , met un effet de loupe sur ce phénomène anormal avec une verve et un verbe qui font feu de tout bois en faveur d’ une considération plus humaine du beau sexe. Et pourquoi ne pas le dire, il faut ranger ces pratiques au magazin des mauvais souvenirs. Elle a du style , du culot et kilos de mots pour le dire.

 

Ajoutez le soutien de son alter ego – l’écrivain Badiadji horetowdo- vous aurez tous les ingrédients de sa success- story . Le conjoint en prend il ombrage ? Non fait il . « J’apprécie d’être un grand homme aux côtés d’une grande dame ». A lui l’ombre , à elle la lumière.

AVIS D’EXPERTS (P.Mongo,V.Sadjo,F.Nkeme)

L’encre de la révolte

Cette percée de la native de Maroua est – elle un feu de paille ? Djaili a-t-elle de la ressource pour durer dans l’aventure de l’écriture ? Où la puise- t- elle d’ailleurs et comment y est – elle arrivée ? L’auteur de «  Munyal , les larmes de la patience » , a accepté de nous ouvrir son jardin secret : Son salon où l’on voit des livres partout Des ouvrages qui ne sont paslà pour la simple décoration d’intérieur. Elle est ivre de livres. Une passion qui remonte à l’adolescence. Ironie et beauté du sort, c’est dans l’enceinte d’une paroisse catholique que la jeune musulmane ira étancher sa soif de lire

EXTRAIT VIDEO/ DJAILI HAMAL.

 

 

 

Elle lit avec gourmandise. Elle écrit aussi. Dans un premier temps pour décrire . Puis , pour crier et décrier un malaise psycho affectif. Un malaise personnel . Prise de vertige , la jeune dame va abandonner son premier foyer , son premier emploi également pour embrasser la carrière d’écrivain.Sauf que ça s’apprend. Il faut faire ses classes chez ceux qui savent y faire. Djaili passera par l’orfèvrerie de Pabe Mongo , lui-même romancier prolifique et enseignant des lettres française à l’ université de Yaounde 1

EXTRAIT VIDEO / PABE MONGO / DJAILI HAMAL ;

L’amour des livres la délivre . Une délivrance qui lui va à ravir . Dans la foulée viendra son premier roman « Walaande , l’art de partager un mari » Une production motivée par le feu sacré et portée par un mécène qui ne s’économise pas lorsqu’il est question de vulgariser la culture peule . Et pour la dédicace, la romancière sera entourée de quelques officiels , férus de littérature : Joseph Béti Assomo à ce moment- là , gouverneur de la région de l’Extrême- Nord ; et le Professeur Saibou Issa , Directeur de l’Ecole normale supérieure de Maroua

EXTRAIT VIDEO: KADRI YAYA / SAIBOU ISSA.

La romance des romanciers

L’essai vaut le coup de maitre , et une bien curieuse rencontre. La rencontre de Baba Amadou , de son nom de plume Badiadji horretowdo . Dès le premier coup d’œil , il a , semble-t-il eu le pressentiment qu’il y a atomes crochus entre elle et lui . Du roman va naitre une romance de romanciers. Lovée dans les bras de ce conteur de fleurette , elle regarder dans la même direction que lui . A la manière de AIME ET SUZANNE CESAIRE , mais aussi , SIMONE veil ET JEAN PAUL SARTRE.

EXTRAIT VIDEO: DJAILI ET BADIADJI

Filer le parfait amour signifie-t-il écrire d’une seule main désormais ? Non disent-ils en chœur. Chacun a son style et sa manière à lui d’organiser ses moments d’écriture

Extrait video: DJAILI ET BADIADJI, Ecriture conjointe

Les Amadou s’amadouent très régulièrement. Une romance rassurante et galvanisante pour l’auteure de « mistirijo » dans le combat qu’elle mène en faveur de l’émancipation des filles et des femmes peules. Elle a d’ailleurs mis sur pied une association consacrée à l’éducation de ces concitoyennes par les livres. C’est l’association « Femmes du sahel ». La fenêtre d’optimisme est désormais largement ouverte.

 Extrait vidéo : FEMMES DU SAHEL.

Le compteur de la production littéraire tourne à plein régime chez les Amadou. Au grand bonheur des lecteurs. Les 03 romans de Djaili Hamal sont de vrais bijoux d’écriture autant que les œuvres de son mari dont la toute dernière – Hadja Binta- Une merveille. En tous cas , c’est du pain béni pour leurs enfants qui s’exercent déjà à lire . Sans doute seront-ils écrivains eux aussi à l’âge adulte.

Narration : Serge POUTH

Caméra : Esther Marguerite, Abraham MAYAGI ENGOME

Edition web: Abdoulaye MOUGNOL

Montage : Achille LOUMOU, Jeanne d’Arc Ottou

coordination : Joséphine NDAGNOU, Elvire KABA, Mireille BISSECK EYOUCK

Supervision générale : Charles NDONGO

 

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